Laissez-moi vous emmener faire un voyage au cœur des pratiques de bien-être chez les communautés autochtones.
Leur vision du bien-être est holistique. Elle englobe le mental, le physique, l’émotionnel et le spirituel.

À la différence de l’approche individualiste occidentale, les autochtones ont une manière de penser l’homme comme formant un tout avec la nature et appartenant à celle-ci.

Au Mexique

Pour commencer, je vous emmène au Mexique, dans la péninsule du Quintana Roo.
Ici, une des pratiques issues de la culture ancestrale Maya est le temazcal. C’est une cérémonie qui permet de purifier le corps et l’esprit.

Chez les mayas, elle se pratique dès le plus jeune âge. Les enfants, encore purs, vont apprendre à se rencontrer eux-mêmes, tout en profitant de la compagnie des autres.
Le temazcal va leur apprendre à gérer leurs émotions, et les aider à trouver la tranquillité.
Il s’agit d’une pratique de développement personnel, qui permet de s’aider soi-même, mais aussi d’aider les autres en enseignant cette pratique entre membres d’une même communauté.

Cette cérémonie a lieu dans une construction en pierres appelée le temazcalli, qui signifie maison de pierres chaudes en maya. 

À l’intérieur, un feu soigneusement préparé provoque une chaleur semblable à celle d’un spa, qui va progresser en intensité au cours de la cérémonie. Autour des bûches de bois disposées en forme de tipi, des pierres volcaniques spéciales pour appeler les ancêtres, sont disposées en spirale pour protéger le feu.  

Le temazcalli représente le ventre de la Terre Mère, chaud, sombre, humide, et en connexion directe avec la terre.

Une fois à l’intérieur du temazcalli avec les autres participants, soumis à cette intense chaleur, accompagnée par les chants du maître ou de la maîtresse de cérémonie, la purification du corps et de l’âme opèrent, venant nous révéler des vérités sur qui nous sommes. 

On entre alors dans une autre dimension, où, même la notion de temps est différente. En sortant de la cérémonie, de nombreux participants penseront y avoir passé 30 minutes alors qu’en réalité, il peut s’agir de 4 à 5 heures, comme l’explique Monica Khan dite “semilla de luz” (graine de lumière), maîtresse de temazcal.

Le plus important dans le temazcal est la puissance du feu. Au cours de la cérémonie, elle va augmenter graduellement pour permettre d’atteindre un état de purification physique et émotionnelle.

L’autre principe fondamental du temazcal est la respiration. Il ne faut jamais cesser de respirer, lentement et calmement. C’est ce qui va permettre de laisser venir les souvenirs, les émotions, et également de résister à la chaleur, sans avoir de malaise ou de maux de tête. 

Le temazcal se fait avec une intention. Celle-ci est très importante pour tirer profit de l’expérience.

La condition physique et émotionnelle de la personne est également primordiale. Il y a certaines restrictions physiques à cause de la forte chaleur, et psychologiquement, la personne doit être dans un état de curiosité et d’acceptation par rapport à ce qui peut se passer.  

Cet état psychologique nécessite une préparation en amont. Ainsi, si l’on veut expérimenter le temazcal, il faut d’abord faire un travail sur soi-même de connaissance et de reconnaissance de ses émotions. Un beau programme n’est-ce pas !

Au Québec
Rendons-nous maintenant en Abitibi-Témiscamingue, au Québec.

Ici, à l’UQAT (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), le professeur Stéphane Grenier, expert en méthodologie et en apprentissage par contact, a développé un programme permettant aux étudiants de se préparer au travail social avec les communautés autochtones. 

Une expérience unique, partagée avec la communauté Anishnabe de Lac Simon.

Loin de s’attribuer le statut d’expert en savoirs autochtones, le professeur se revendique comme un passeur de connaissances. 

Son enseignement se fait en pleine nature, en collaboration avec des autochtones présents pour partager leurs savoirs et leur méthodologie.

Lors du prochain stage, les étudiants vont se retrouver dans une tente de prospecteur pour écouter Stéphane Grenier, et partiront ensuite participer à l’atelier : le chemin de guérison. Puis, ils apprendront à confectionner des bâtons de marche.

Il ne s’agit pas ici d’ingurgiter des informations, bien au chaud derrière son ordinateur ou assis en salle de cours, mais bien d’expérimenter. Expérimenter la construction d’un wigwam, une tente traditionnelle, ou celle d’une loge de sudation,  l’équivalent du temazcalli mexicain.

Cette expérimentation est importante pour Stéphane Grenier dans son enseignement, car elle va révéler différents ressentis chez les élèves. Certains vont assimiler les connaissances et les savoirs d’une manière fulgurante, alors que d’autres vont expérimenter une résistance face à des croyances différentes. C’est un point essentiel de la réflexion actuelle du professeur, qui touche à la manière de transmettre et de partager les concepts d’une culture différente.

S’il est une pratique ancestrale autochtone que le professeur aime partager, c’est le cercle de discussion. 

Celui-ci permet de résoudre des conflits, ou de venir en aide à une personne dans le besoin.

Dans ces cercles, qui débutent par une prière, la prise de parole se fait de manière horizontale. Chaque personne prenant part au cercle a le droit de s’exprimer, pendant que les autres participants attendent leur tour pour parler. Il n’est pas permis de couper la parole. 

Ici il n’est pas question de jeux d’ego, mais bien de développer des qualités d’écoute et de partage d’idées en se nourrissant des expériences des autres.

Le programme du professeur Grenier a de beaux jours devant lui, car l’apprentissage de ces pratiques autochtones par l’expérimentation remporte un franc succès auprès des étudiants en travail social de l’UQAT.

De ces partages d’expériences, je constate qu’au Québec, les pratiques des premières nations sont protégées et partagées avec parcimonie avec les allochtones.

Au Mexique, les pratiques ancestrales sont fièrement partagées avec qui veut bien, y compris avec les touristes pas toujours réceptifs ou prêts à bénéficier d’un tel cadeau. 

Dans les deux cas, il s’agit  d’une farouche volonté de partager une culture et des savoirs trop longtemps ignorés, bafoués ou secrets.

Ce que je retiens surtout, c’est la puissance et la magie des pratiques de bien-être autochtones, dont l’intelligence émotionnelle et spirituelle en font des enseignements d’une sagesse infinie et remplis d’amour, l’amour de la nature, l’amour des autres, l’amour de soi.

Quant à moi, tout cela m’a sérieusement donné envie d’expérimenter prochainement une cérémonie de temazcal avec la belle Monica alias Semilla de luz.

J’appréhende la chaleur et le côté sombre du temazcalli, mais je sais bien qu’il faut sortir de sa zone de confort pour se dépasser.

Références

La Raíz y la Memoria – El Temazcal y la Salud – avec Marío et Eduardo Encarnación, maîtres de temazcal. https://youtu.be/HBwrse5MY0w – Septembre 2019.